a lire avant de poster

Bonjour à tous !

Je m'appelle Ketchup et j'ai eu envie moi aussi de donner mon coup d'épée dans l'eau pour informer le monde sur le VIH. Dans le souci toujours plus grand d'une information toujours plus précise, voici en exclusivité mondiale un reportage complet sur le virus. Avant de vous présenter mon invité, un petit rappel, Miho bis:

-Mais qu'est-ce que je fais là ?
-Vous devez continuer l'introduction, Miho bis.
-Mais j'introduis rien du tout, moi, c'est dégoûtant !
-Miho bis, vous aviez dit que vous jouiez le jeu !

-D'accord, d'accord... Depuis une foultitude d'années, les campagnes de prévention se multiplient, et le VIH et ses modes de transmission demeurent mal connus du grand public. Je rappelle que vous pouvez poser vos questions d'ignares tout au long de l'émission en envoyant vos SMS par Internet. Cependant, vos SMS doivent être écrits en français correct.

-Merci Miho bis. L'invité qui va répondre à nos questions s'appelle Georges Sparadrap, il est dépisteur professionnel en CDAG et intervenant régulier dans des groupes de soutien aux séropositifs. Docteur Sparadrap, bonjour.
-Bonjour, Ketchup. Vous êtes tout rouge.
-C'est normal, c'est ma couleur naturelle. Alors, Docteur Sparadrap, je crois que vous vouliez avant toute chose, non pas de la musique, mais quelques précisions de vocabulaire.

-Absolument, Ketchup, c'est nécessaire. Je vais commencer par le terme "séropositif". Être séropositif ne signifie pas qu'on a le Sida.

-Ah bon ? pourriez-vous être plus précis ?

-Cela signifie simplement qu'on est contaminé par le virus, et que l'on a fabriqué des anticorps pour lutter contre. Vous vous souvenez des petits moucherons d'"Il était une fois la vie" ? Ben voilà. A ceci près que les anticorps n'éliminent pas le virus. A ce stade, on porte le virus ou on est contaminé par le VIH, mais on n'a pas le Sida.

-Mais alors, quand a-t-on le Sida ?

-A partir du moment où le virus s'est suffisamment reproduit et détruit le système immunitaire. C'est le moment où le Sida proprement dit se déclare. Faites bien la différence entre séropositivité et stade Sida. Il peut s'écouler des années avant d'arriver à ce stade de la maladie.

-Et ça prend combien de temps ?

-Cela dépend. C'est extrêmement variable. Certains la développeront plus tôt, d'autres plus tard, d'autres peut-être jamais... mais avoir le VIH ne signifie pas que vous allez nécessairement mourir dans la décennie suivante. Vous n'avez pas besoin du virus pour être renversé par une voiture...

Enfin, précisons que le virus peut effectivement bousiller le système immunitaire, cependant, ce n'est pas encore la fin. Quand les défenses chutent, on change le traitement, et la situation peut tout à fait se rétablir.

Enfin, précisons qu'il est plus difficile d'être soigné quand on est diagnostiqué à un stade avancé. D'où l'intérêt d'un dépistage rapide.

-Y-a-t-il des signes avant-coureurs de la maladie ?

-Absolument aucun.
-Vraiment ?
-Vraiment. Vous pouvez être séropositif pendant des années sans vous douter de quoi que ce soit. La seule façon de savoir, c'est de faire un test après un risque.

-Justement, on parle beaucoup de risques, mais quel genre de risque ?

-Genre pénétration anale ou vaginale sans préservatif.

-Alors, là, attendez, Dr Sparadrap. Par quoi ça se transmet exactement ?
-Par le sang, le sperme, les sécrétions vaginales et contact entre muqueuses.
-Donc, quand quelqu'un est pénétré par un monsieur sans capote, il ou elle risque d'attraper le VIH à cause du sperme ?
-Oui. Mais pas seulement.
-Comment ça pas seulement ? c'est le sperme que c'est sa faute !
-Certes, mais vous oubliez une chose... le contact entre muqueuses.
-Oui, euh, attendez, là, faites une pause pour expliquer.

-Ne stressez pas, c'est facile à comprendre. Il se trouve que le gland laisse passer le virus, dans un sens comme dans l'autre. Le virus n'entre pas par le méat.
-Donc, si un homme pénètre quelqu'un, il peut transmettre le virus sans éjaculer, c'est bien ça?
-Absolument, tout comme il peut le recevoir, si la personne en face (ou dessous, ou dessus...) est séropositive. Le risque commence dès la pénétration pour les deux partenaires.

-Alors, Dr Sparadrap, quelles sont les pratiques à risque ?

-Comme je vous l'ai dit, pénétration vaginale ou anale sont risquées pour la transmission du VIH.

La fellation reçue n'en comporte aucun, car la salive n'est pas contaminante.

La fellation faite comporte un risque pour celui qui la pratique s'il y a éjaculation dans la bouche et avalage de sperme. Toutefois il est préférable de mettre un préservatif.

-Pourquoi, s'il n'y a pas de risque pour le VIH ?

-Parce qu'il y a risque pour d'autres MST bien moches aussi: la syphilis, on s'en passe très bien dans la vie.

-Et pour le reste ?
-C'est pareil, Ketchup. Pour le cunilingus, il n'est pas recensé comme une pratique à risque, sauf en période de règles. Et pour l'anecdote, les couples sérodiscordants pratiquent fellation sans éjaculation et cunilingus hors période de règles et restent sérodiscordants.

-Et pour la drogue?

-Risque en cas d'échanges de seringues usagées, il se peut que du sang souille l'intérieur de l'aiguille. Injecter quelque chose avec cette aiguille qui a servi pour quelqu'un d'autre est un risque, car vous pouvez faire entrer le virus directement dans son milieu naturel, si j'ose dire.

Pour la paille qui sert à snifer votre coke, le risque de VIH est faiblissime, en revanche, celui d'hépatite C fortissime. Que chacun garde son matériel de came, c'est plus sûr.

-Je vous remercie, Dr Sparadrap, nous passons maintenant à vos questions."



-Alors, le premier SMS vient de Loukila: "J'ai seize ans, je n'ai jamais eu de rapports sexuels avec mon copain, lui aussi est vierge, est-il utile de faire un test?"

-A priori, si vous n'avez jamais eu de rapports et êtes nés de parents négatifs, vous ne courez aucun risque, mais il y a un mais. Vous commencez votre vie sexuelle, et ce n'est jamais trop tôt pour prendre de bonnes habitudes. Allez donc faire un test avant d'avoir des rapports sans capotes, et n'oublie pas de prévoir une contraception. C'est toujours dans ce sens que ça doit marcher, autant l'apprendre dès le début.

-"Oscour, g tro peur, jsé pa ou jdoi fR 1 tSt, aidé moi plz"
-Ah non, Miho bis ! on avait dit pas de SMS en langage SMS ! comment voulez-vous qu'on réponde, on ne comprend rien du tout !

-Pardon, je me suis trompée de bouton. Un autre SMS, de Tristan: "J'ai embrassé une fille alors qu'elle avait une coupure sur les lèvres, ai-je pris un risque?"

-Non. Pour être contaminé par le sang, il faut que la plaie de l'autre soit bien ouverte et copieusement saignante.
-Pourriez-vous être plus précis?
-Et bien, il faudrait longuement embrasser quelqu'un à qui vous venez d'arracher une ou deux dents. Vous ne risquez pas d'être contaminé par une toute petite écorchure.

-Un autre SMS, de Fernand: "Je suis un jeune vampire et je vis très mal ma nouvelle condition. Puis-je me nourrir sans tomber malade ni transmettre le virus?"

-Fernand, ne vous inquiétez pas, les vampires étant morts, ils ne peuvent développer aucune maladie, ni la transmettre, car ils ne sont plus tout à fait humains, et le virus ne se transmet que d'humain à humain. En revanche, si vous manquez d'expérience, évitez de chasser autour des salles de sport, les dopés ont un goût déplaisant et vous risquez de faire des allergies. Voilà.

-"J'ai fait une fellation sans éjaculation, ai-je pris un risque pour le VIH ?

-Non. La fellation sans éjaculation en bouche n'est pas risquée pour le VIH, mais vous risquez d'attraper autre chose. Si vous avez trompé votre officiel(lle), capote avec elle ou lui.

-"J'ai fait une fellation et le garçon a éjaculé dans ma bouche ! le risque est-il important ?"

-Bof. Ce n'est pas le pire, mais on n'aime pas trop ça. En théorie, le risque existe, mais ne vous inquiétez pas trop. En revanche, craignez davantage les autres IST. Dépistage du tout dans six semaines.

Un SMS de Superjuste: "-Vous êtes vraiment de dangereux malades qui ne contribuez pas à la baisse du nombre de séropos ! la fellation et le cuni sont des pratiques à risque de VIH !"
-Mmmmh.... la chasse au troll ne ferme jamais, Docteur...
-Et oui, Ketchup. Alors en réponse:

Superjuste, pour baisser le nombre de séropos, il faut que ces derniers meurent, et exterminer des gens n'est pas exactement ma conception de la prévention.

Enfin, les couples sérodiscordants pratiquent cuni sans protection et hors période de règles et fellation sans éjaculation et ne contaminent pas leur partenaires. Je suis navré que vous trouviez ce fait contrariant, mais ne vous en faites pas: d'autres sont là pour s'en réjouir à votre place.

-Et en cas de fellation reçue, Docteur ?

-Risque nul pour le fellationné, la salive n'est pas contaminante. Risque faible pour le fellationnant en cas d'éjaculation dans la bouche.

-Pardon Docteur, mais je me mets à la place des angoissés qui vous lisent avidement, et je demande pour eux "et si la personne avait une micro-coupure dans la bouche ?"

-Je réponds que c'est absurde, nous ne sommes plus en 1980. Il y a risque si la personne adore faire des fellations juste après de sauvages arrachages de dents ou de langue. Donc, il faut qu'elle soit séropo, et qu'elle ait la bouche vraiment pleine de sang.

-Alors, autre question: "J'ai eu un rapport vaginal protégé avec une prostituée, mais la capote a craqué. Ai-je pris un risque?"

-Oui, mais faible. Pourquoi faible? parce que les prostituées ne sont pas le tas de virus et de bactéries que l'on croit, et sont souvent bien mieux informées que leurs clients. Ensuite, l'exposition a été faible. Ne stressez pas trop, et allez faire un test dans six semaines.

-Ensuite ?
-Relou demande "J'ai masturbé quelqu'un, ai-je pris un risque ?"

-Aucun. Même si vous vous rongez les ongles. Ca ne s'attrape pas par simple contact.

-Edith, une autre question?

-Oui, un SMS de Fleur Bleue: "Je viens de découvrir que je suis séropositive. Depuis, je fais des crises d'angoisse et suis désespérée. Comment m'en sortir et quand et comment le dire à mes proches?"

-Ne restez pas isolée, Fleur Bleue, contactez un groupe de soutien où vous pourrez en parler sans crainte d'être jugée. Pensez d'abord à accepter votre maladie. Pour le dire à vos proches, il n'y a pas de moments idéaux, ce n'est jamais le moment d'annoncer une mauvaise nouvelle. Vous le leur direz quand vous le choisirez. N'oubliez pas que, malade ou pas, vous restez la même personne, avec ses qualités et ses défauts, et qu'ils peuvent toujours piquer dans votre assiette.

-Un SMS sur les tests: "J'ai pris un risque où et quand dois-je faire un test?"

-Alors, le délai d'abord:

Six à huit semaines après le risque suffisent pour avoir un résultat définitif.
-Euuuh, docteur? ce n'est pas trois mois?

-Officiellement, le délai est de trois mois. Mais les tests actuels permettent de détecter les anticorps six semaines après le risque. Le délai de trois mois date des années 80, à l'époque où les tests étaient bien moins sensibles. Sida-Info Service ne vous contredira pas sur la fiabilité des tests à six ou huit semaines, mais ne vous encouragera pas non plus à le faire dans ce délai. Dans les faits, la séroconversion s'opère entre 21 et 42 jours après l'exposition. Cependant, SIS garde ce délai parce qu'il est impossible de prévoir quel jour exactement aura lieu la séroconversion, sans compter qu'on ne sait pas toujours à quelle date le risque fut pris. C'est une sécurité.

Pour les lieux où faire un test de dépistage:

-en laboratoire privé, mais c'est payant (entre 25 et 30 euros, remboursables si vous avez une ordonnance). Certains labos acceptent de vous tester sans ordonnance, et refusent de vous tester si vous êtes mineur, pour ça, il faut les appeler pour savoir ce qu'il en est. Vous avez les résultats en 24 heures.

Certains labos préfèrent ne pas communiquer vos résultats au testé, mais les envoyer d'abord au médecin traitant, et ce quelque soit le résultat du test. Renseignez-vous pour savoir comment votre labo marche.


-en Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit. Vous y allez, vous êtes reçus, vous passez en entretien avec un médecin, on vous fait une prise de sang indolore, et vous revenez une semaine plus tard chercher vos résultats. N'hésitez pas à y poser toutes les questions que vous souhaitez en matière de protection. Et ne faites pas comme certains qui perdent le numéro qu'on leur donne ou qui essaient de voler les capotes sur le bureau du gentil docteur...

-Je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez... Miho bis, une autre question?

-Oui: "Les traitements préventifs guérissent-ils du Sida ?"

-Non. Un traitement préventif est une trithérapie. Elle réduit vos chances de contamination, sans pourtant les anihiler complètement. Si vous avez pris un risque, vous allez aux urgences dans les 48 heures, vous expliquez votre cas au médecin qui décidera de vous le donner ou pas. Vous prenez cette tri-thérapie pendant un mois et vous ne l'arrêtez pas sans avis médical, en dépit des effets secondaires. Mais elle ne doit pas remplacer le préservatif.

-Une question de Benoît: "La fidélité protège-t-elle du Sida ?"

-Ah, si vous êtes en couple avec un ou une séropo, la fidélité ne vous protègera de rien du tout. Soyez infidèles si vous le souhaitez, mais protégez-vous.

-Encore un SMS, Miho bis?
-Oui, "J'ai pris un risque gravissime, je flippe à mort. Je dois vraiment attendre six semaines ?"

-Si vraiment l'attente est insupportable, vous pouvez demander un dépistage précoce. Ce test s'appelle l'agP24, mais attention: il n'est pas définitif. Il donne une bonne indication quatre semaines après le risque, MAIS: rappelez-vous qu'il faudra faire un second test deux ou trois semaines plus tard pour avoir un résultat absolument certain.

-Un SMS de Quelqu'un: "J'ai eu des rapports non-protégés, mon test est négatif, je peux continuer à avoir des rapports sans préservatifs? si je ne suis pas contaminé(e), il est forcément négatif..."

-Absolument pas. Le test ne vous donne d'indication que sur votre sérologie, pas celle de votre partenaire. Il ou elle peut être séropo sans vous avoir contaminé(e). La contamination n'est pas systématique, mais le risque existe, donc, protection tant qu'il ou elle n'a pas fait de test.

-La contamination n'est pas systématique?
-Et non. Vous pouvez coucher cent fois avec un ou une séropo et ne rien avoir... tout comme vous pouvez le faire une seule fois sans protection et être contaminé(e). Le virus s'inspire d'un jeu qui s'appelle "la roulette russe". Dans le doute, capote.

-Miho bis, un autre SMS ?
-Oui: "J'ai épongé un nez qui saignait, et j'avais les doigts écorchés, ai-je pris un risque ?"

-Non ! pour attraper le VIH par une plaie, il faut que vous soyez arrosé de sang contaminé sur l'entaille ouverte jusqu'à l'os que Miho viendra tout juste d'ouvrir sur vous si vous continuez ! Et c'est pareil pour le sperme et les sécrétions vaginales ! Le virus ne rentre pas par une écorchure qui ne saigne pas. Et même si elle saignait, ce n'est pas évident: le sang sort sous pression, et le virus ne sait pas remonter le courant, ce n'est pas un saumon.

-"Il y a eu frottement entre moi et l'autre, sans pénétration, y-a-t-il un risque ?"

-De même que le virus n'est pas un saumon, il n'est pas non plus spéléologue pour débarquer sur la vulve et descendre en rappel dans le vagin (ou l'anus). Aucun risque s'il n'y a pas pénétration: le VIH ne passe pas par la peau. Pas de danger de VIH en cas de frottement sur une vulve ou un anus.

Mais pour les filles, il y a un mais. Faites attention, car parfois on s'égare ou on se trompe, le terrain est glissant, et une "mini-pénétration" contient non seulement un risque de VIH pour les deux partenaires, mais aussi un risque de grossesse, même s'il n'y a pas éjaculation. Le liquide séminal produit par le garçon contient des spermatozoïdes. Et ces bestioles sont connues pour leur opiniâtreté... alors soyez au point niveau contraception.

Enfin, les filles, en raison de l'étendue de leur muqueuse, sont plus exposées au virus que les garçons. Alors pas de pénétration sans capote.

-Enchaînez, Miho bis...

-"Je vis en colocation avec un séropositif, y-a-t-il un risque de contracter le virus ?"

-Vous pouvez échanger vos vêtements, utiliser les mêmes toilettes, vous moucher mutuellement, partager la salle de bains, lécher la casserole de chocolat après lui, le sparadraper s'il se fait mal, boire dans son verre, lui piquer sa fourchette, sa brosse à cheveux, ses magazines, ses jeux vidéos, ses bouquins, ses BD, ses mangas, ses DVD, ses CD, squatter son ordi, dormir dans son lit, lui rouler des pelles à l'improviste, vous ne courez aucun risque.

-Je sais pas s'il voudra vivre longtemps en colocation avec vous après tout ça...

-En revanche, mettez un préservatif si vous décidez d'avoir des relations sexuelles avec. C'est tout. Ah, et si vous ramassez un préservatif usagé, vous ne courez aucun risque non plus, mais évitez de le manger, ce n'est pas très digeste, ni safe... je préfère préciser, parce que j'ai eu des questions bizarres, et je veux les prévenir.

- "Le préservatif est-il fiable à 100 pour 100 ?"

-Oui, s'il est bien posé et bien utilisé: il ne craque pas si vous n'oubliez pas d'en pincer le fond pour en chasser l'air avant déroulage, et rien n'en coule si le garçon se retire aussitôt après éjaculation en le maintenant sur lui. N'hésitez pas non plus à utiliser des lubrifiants compatibles pour faciliter l'emploi, mais jamais de lubrifiants artisanaux, type beurre ou autre chose... et ça ne se jette pas dans les toilettes, mais à la poubelle.

Pour les allergiques au latex, il reste l'option préservatif féminin ou préso masculin en polyuréthane. Un peu plus difficiel à poser, mais plus résistant.

-"J'ai couché avec un grand maigre, depuis j'ai très peur, il était peut-être séropo..."

Se rendant compte de ce qu'elle vient de lire, Miho bis écarquille les yeux et a un léger mouvement de recul. Ketchup secoue la tête, l'air résigné. "Jamais, jamais, jamais pousser Georges à bout, jamais..."

Ketchup a raison.

"B**** DE F***, MAIS C'EST QUOI CE RAMASSIS DE CLOWNERIES ???!!! PAUVRE ABRUTI(E) DE (censuré) QUI (voile pudique) VA TE (autre voile pudique avec garniture en dentelle d'Alençon) AVEC...."

Pendant que le docteur Georges Sparadrap laisse libre cours à sa rage face aux préjugés stupides, Ketchup prend un morceau de papier et griffonne quelques mots. Il le passe à Miho bis, qui décroche son téléphone. On la voit articuler des mots, mais on ne l'entend pas. Elle raccroche et fait signe à Ketchup.

"SEUL LE TEST PERMET DE SAVOIR LA SEROLOGIE D'UNE PERSONNE, %$^_ !!! CONTRAIREMENT A VOUS, LE VIRUS NE FAIT PAS DE DISCRIMINATION SUR LE PHYSIQUE ET C'EST UNE HONTE QU'EN 2007..."

Entre quelqu'un: "Bonjour, la tisane tilleul-miel-menthe, et enrichie en chocolatoïne pour la relaxation, c'est ici ?

Miho bis: -Oui, merci, Alex. Tiens, pour la peine.

-Euuh, merci, Miho bis, mais j'ai tout ce qu'il faut chez moi, et tu viens de me filer une capote périmée.

-Oui, et alors ? tu viens de dire que tu as tout ce qu'il te faut chez toi...

-Ce n'est quand même pas très élégant...

-T'aurais préféré une capote usagée, peut-être ? nan mais vas-y, réclame des droits et de la considération, tant que tu y es, espèce de gay !

-Chuis un PD, pas un gay... je te l'ai déjà expliqué, ma choupette !

-COMMENCE PAS A...

Ketchup: -Silence les deux du fond ! on en a déjà un qui hurle, et ça suffit !

".... ET QUE LA PERSONNE SOIT NOIRE OU AUTRE CHOSE, CA NE VEUT RIEN DIRE NON PLUS !!! L SEULE FACON DE SAVOIR, %()+:? C'EST DE FAIRE UN TEST, @<>§ !!!"
-Une tisane, Docteur ? c'est offert par la maison.
(Légèrement enroué)-Oui, merci, Ketchup.
-Un autre SMS, Miho bis ?

-"J'ai pris un risque, je flippe grave, je ne pourrais jamais vivre avec le Sida, je suis trop jeune pour être malade, aidez-moi," et c'est signé Mardouk.

-Ah. Alors, Mardouk, avant toute chose, il faut faire un test. Si vous êtes séropo, plus tôt vous serez pris en charge, mieux ce sera pour vous. Ensuite, sachez que la vie ne s'arrête pas avec la contamination, elle continue, en plus difficile qu'avant, certes, car les traitements sont lourds. Cependant, ils sont de mieux en mieux tolérés, et il est impossible d'estimer l'espérance de vie d'un séropositif. Vous pouvez vivre longtemps, avoir des enfants négatifs sans contaminer votre partenaire, et mourir d'autre chose que du VIH. Enfin, sachez qu'il est toujours trop jeune et trop tôt pour être malade ou pour subir un coup dur.

Il est tout à fait possible de mener une vie normale quand on est séropo, à ceci près qu'il est interdit de se rendre aux Etats-Unis, au Canada, au Qatar, en Chine, en Arabie Saoudite, au Soudan, en Arménie, à Bruneï, en Corée du Sud, en Russie et en Moldavie. Ces pays, soucieux de leur santé, trouvent efficace d'en restreindre l'accès pour se protéger, comme s'il n'y avait pas de virus chez eux.

-Docteur, docteur !!
-Quoi, Ketchup ?

-On n'a pas parlé du don de sang !

-Ah c'est vrai. Lecteurs de ce forum, je compte sur vous pour lapider à coups d'Encyclopedia Universalis les gens qui vous diront "ben, va faire un don si t'as pris un risque, comme ils dépistent, tu sauras si t'es séropo ! et si tu l'es pas, tu feras un truc utile." Ca, ça me met très en colère !

Si vous donnez votre sang alors que le virus n'est pas encore détectable, la personne qui le recevra sera contaminée à coup sûr !

Et, si vous avez autre chose, vous le filerez à quelqu'un, qui, croyez-moi, n'en aura pas besoin !

Donner son sang ne doit pas être fait pour soi, mais pour les autres ! si vous n'êtes pas sûrs de vous, NE DONNEZ PAS !



-Bien, je crois que le principal a été dit, Dr Sparadrap...
-Je le pense aussi, Ketchup.
-Merci d'avoir participé à notre reportage, merci aux intervenants de m'avoir aidé pour sa rédaction.
-Hem hem !
-Et bien sûr, merci à Miho bis pour son amabilité légendaire."